Interview de
Boris Wild
- Juillet 1998 -
Boris Wild est le vainqueur du 20ème Championat du Monde de Magie
(F.I.S.M. / Cartomagie) à Dresde en 1997. Il a également remporté le 1er prix de
Cartomagie et le Grand Prix AFAP d'Aix-Les-Bains en 1996. Enfin, il est primé au Concours
International de Close-Up MacMillan à Londres en 1996.
Olivier Langlois: A quel âge as-tu commencé la magie ?
Boris Wild: J'avais douze ans et demi.
Olivier Langlois: As-tu commencé seul, ou bien as-tu eu un "maître" ?
Boris Wild: J'ai commencé la magie avec Philippe Warein. C’est à mes yeux le
plus grand spécialiste de transmission de pensée en France. Il est comme moi originaire
du Nord.
Olivier Langlois: Quel a été le premier tour que tu as présenté ?
Boris Wild: Le tout premier tour que j’ai présenté était les trois cordes. (Professor’s
nightmare). Mais je me suis rapidement tourné vers les cartes. Mon premier tour de
carte était à base de chapelet.
Olivier Langlois: Y a-t-il encore des tours de cartes que tu ne connais pas,
mais que tu aimerais bien connaître ?
Boris Wild: Oui, il y a certains faux mélanges qui forcent l’admiration, tant
ils sont subtiles, qui échappent même a l’oil du cartomane averti !…
Olivier Langlois: Quel est le tour que tu préfères faire ?
Boris Wild: Le jeu invisible. (j'ai une version qui s’appelle "double
personnalité"). C’est pour le public de la magie pure.
Olivier Langlois: C'est étonnant que tu préfères utiliser un jeu truqué, pour un
véritable spécialiste des manipulations ?
Boris Wild: Oui, cela prouve à quel point la mise en scène a une grande importance.
Olivier Langlois: Qu'est-ce qui te plait le plus dans le métier de magicien ?
Boris Wild: C’est avant tout le divertissement pour le public; faire passer un
bon moment aux spectateurs. Je veux qu’après ma prestation, l’ambiance soit à
son top! La magie doit faire réagir et communiquer les gens. J’aime cette osmose que
crée la magie. C’est pour cela que j’ai choisi le close-up: une discipline de
communication.
Olivier Langlois: Combien de temps consacres-tu à la magie, au début et maintenant ?
Boris Wild: Au début, j'y consacrais tout mon temps libre: deux à trois heures par
jour, et tout le week-end. Même pendant d’autres activités, tel que regarder la
télé, je travaille avec mes cartes. Puis plus on avance, plus on est expérimenté, et
plus on travaille: les tours que l’on connaît déjà. Mais bien sûr il faut
travailler en plus de nouvelles techniques. Maintenant, je travaille en moyenne une à
deux heures par jour.
Olivier Langlois: Quels sont tes livres ou vidéos fétiches en magie ?
Boris Wild: Sans hésitation, tous les livres et vidéos de Tamariz, ainsi que l'
"Encyclopedia of card sleights" de Daryl en vidéo.
Olivier Langlois: Quelle est la technique la plus difficile que tu aies rencontré, qui
t'a longtemps résisté ou qui te résiste encore ?
Boris Wild: C’est sans aucun doute le saut de coupe, dont je ne veux
d’ailleurs même pas connaître le fonctionnement exact! D'ailleurs, je n'ai pas
envie d’entrer dans la compétition des magiciens qui se montrent leur saut de coupe
le plus invisible!
Olivier Langlois: Es-tu collectionneur d'objets magiques ?
Boris Wild: Je ne suis pas à proprement parler un collectionneur d’objets
magiques. J’ai longtemps collectionné les petits objets en laiton, et les pièces
truquées.
Olivier Langlois: Qu'est-ce qui te plait particulièrement dans ces objets en laiton ?
Boris Wild: Ils sont extrêmement bien fait: finesse et rigueur. Ils viennent de
Viking Haanchen pour la plupart.
Olivier Langlois: Quelle est la plus belle pièce de ta collection ?
Boris Wild: La plus belle pièce est le livre "Soirées Fantastiques" de
Christian Fechner.
Olivier Langlois: Que penses-tu du mentalisme, quelle définition en donnerais-tu ?
Boris Wild: Le mentalisme est une présentation d’effets où l'on ne doit pas
s’assoupir ni dormir! C’est une discipline "killer" lorsqu'elle est
bien faite, qui marque l’esprit des gens, et que le public ressent très fort en lui
quand le mentaliste est suffisamment crédible pour faire croire à ses effets, tout en
étant "accessible" et "humain". En effet, certaines prestations sont
parfois trop "cliniques", et c’est insupportable.
Olivier Langlois: On te voit très souvent faire des tours de cartes; te définis-tu
comme un cartomane, ou n'est-ce qu'une de tes (nombreuses?) spécialités ?
Boris Wild: Je suis effectivement cartomane quasi-exclusivement. On peut faire des
milliers de merveilles avec les cartes. Le jour où tous les recoins en auront été
exploités, il y aura quelques millénaires de passés. J’ai donc encore assez de
travail avec les cartes!
Olivier Langlois: Penses-tu, comme de plus en plus de magiciens, qu'il existe bel et
bien deux types de magie: celle qui s'adresse aux spectateurs novices, et l'autre pour les
magiciens ?
Boris Wild: Tout à fait! Et comme leurs noms l’indiquent, la magie pour magicien
ne doit être présentée que pour les magiciens, et celle pour public quasi-exclusivement
auprès du public. Le problème est que beaucoup intervertissent les genres: la magie pour
magiciens fait référence à des effets techniques sensés être connus de tous les
membres du public. Ils peuvent tirer des effets comiques de certaines phases de leur
routine, ce qui ne marche pas devant un public. D’un autre côté, la magie qui
fonctionne très bien sur le public, fonctionne très peu souvent aussi bien sur les
magiciens. Pour citer mon cas personnel, j’ai un large répertoire de tours pour
public, et un répertoire -plus restreint- de routines pour magiciens. Un magicien
travaille avant tout pour le public.
Olivier Langlois: Tu sembles attacher une importance tout à fait particulière à la
présentation de tes tours; pour toi, quel pourcentage de travail doit-on donner à la
technique et à la présentation d'une routine ?
Boris Wild: Cela dépend de la routine, mais en général j’essaie de faire en
sorte que la technique ne prenne pas le pas sur la présentation, car ce serait le
meilleur moyen de léser le contenant au profit du contenu. La technique n'est qu'un outil
de travail pour créer un effet. Ce qui importe est que le final soit une source de
plaisir. On peut obtenir un effet génial sans ou avec peu de technique. Pour le tour
idéal: 70% présentation, 30% technique.
Olivier Langlois: De plus en plus, les magiciens transforment leur suite de routines en
véritable show comique. D'après-toi, est-ce une nouvelle tendance qu'il faut suivre ?
Boris Wild: D’expérience, non! Mon numéro primé à la FISM, je l’ai voulu
volontairement à contre courant de tout ce qui se faisait à l’heure actuelle (sans
parole, pas débordant de fioritures ou de techniques complexes), misé ni sur un rythme
effréné ou sur l’humour, mais plus sur l’émotion. C’est la que je
rejoins Juan Tamariz qui lie magie et émotion. Le rire n’est qu’une des
ramifications de l’émotion. Il y a beaucoup d’autres types d’émotions qui
ne sont pas ou peu employées. Se cantonner uniquement à
"l’entertainement" est une vague qui fonctionne, mais les connaisseurs
apprécieront d’autant mieux un show de close-up avec d'autres émotions.
Olivier Langlois: Est-il possible aux magiciens de se procurer tes notes de conférence
?
Boris Wild: Oui, il leur suffit de s'adresser à moi, en m'écrivant à mon adresse
internet ! (voir plus loin)
Olivier Langlois: Donnes-tu des cours particuliers ?
Boris Wild: Non, je ne peux vraiment pas.
Olivier Langlois: Quels sont, à ton avis, les principales erreurs commises par les
magiciens débutants ?
Boris Wild: C'est de devenir des petits clones: ils veulent en général copier les
techniques et les attitudes d’un seul et même magicien. Ils doivent rencontrer plus
de gens directement, en essayant de travailler différemment avec eux .Ainsi, ils
donneront à leurs tours, leur propre personnalité.
Olivier Langlois: Quels sont pour toi les éléments à prendre en compte pour juger un
bon magicien ?
Boris Wild: De plus en plus: les 30 premières secondes! Il faut qu’elles
accrochent, à tous les niveaux, quel que soit le style du numéro. La suite du numéro
doit bien sûr tenir la route: travaille, chorégraphie, originalité.
Olivier Langlois: Quels sont, selon toi, les meilleurs endroits pour voir des
spectacles de magie (mais dans le but d'apprendre) ?
Boris Wild: C'est Las Vegas, quel que soit le type de magie que l’on fasse.
Ensuite, il faut également aller au théâtre et au cinéma. Il est très important
d’aller voir des pièces de théâtre, même si cela n’a rien à voir avec la
magie. Cela donne des leçons de mise en scène, d’occupation d’espace, de
scénario, de trame, de mise en place du décor… Pour moi, cela vaut toutes les
leçons, ou tous les ouvrages de mise en scène magique.
Olivier Langlois: Y a-t-il des prédisposition pour devenir magicien ? Des conditions
obligatoires ?
Boris Wild: Il faut avoir du courage, de l’acharnement, de l’entêtement, de
l’humilité, et de la curiosité.
Olivier Langlois: Quel message lances-tu aux magiciens amateurs désireux de faire de
la magie leur métier, et de vivre du revenu de leurs représentations ?
Boris Wild: Il leur faudra beaucoup de patience. Et surtout, éviter la prostitution:
ce n’est pas parce que l’on accepte tout et n’importe quoi que l’on en
sort meilleur et grandi. Il faut savoir dire non. Il faut préserver son image et ses
apparitions.
Olivier Langlois: Es-tu membre d'associations de magiciens ?
Boris Wild: Oui, je suis membre de l’AFAP.
Olivier Langlois: Quels sont les magiciens que tu fréquentes régulièrement ?
Boris Wild: Peu de magiciens français… Des artistes qui, avant tout, ont des
qualités humaines rares dans ce métier.
Olivier Langlois: Tes magiciens préférés ?
Boris Wild: Tamariz, Hollingworth, Duvivier…
Olivier Langlois: Jusqu'où est allé le plus intrépide de tes spectateurs pour
obtenir de toi le secret d'un tour ?
Boris Wild: Il s’agissait d’une spectatrice, qui a employé des moyens plus
que persuasifs !!!
Olivier Langlois: Est-elle parvenu à obtenir le secret ?
Boris Wild: Non, elle n’a pas réussi !
Olivier Langlois: Quel sont tes prochaines apparitions prévues ?
Boris Wild:
Du 17 au 19 Septembre 1998: Eastbourne (Angleterre). Congres IBM.
Du 5 au 10 Octobre 1998: Coimbra (Portugal). Congres Luis de Matos
Du 15 au 18Octobre 1998: "Monte-Carlo Magic Stars". Théâtre Princesse
Grace.
Du 27 Octobre 1998: Clermont-Ferrand. Conférence pour l’amicale AFAP locale.
En Novembre 1998: Italie. Conférence en clubs magiques italiens.
Olivier Langlois: Peut-on te contacter directement ?
Boris Wild: Bien sûr, il suffit de m'envoyer un e-mail à boris.wild@hol.fr
Cette interview a été enregistrée sous enveloppe soleau à l'I.N.P.I.
(Institut National de la Propriété Industrielle), le 20 Juillet 1998. Toute duplication,
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